L’image
du corps est un leitmotiv dans la production picturale de Bernard
Verdeille (né en 1965). Quelque chose, en effet, le pousse
à toujours ré-interroger ce signe majeur de notre
humanité, médiation et limite de notre présence
au monde.
A travers lui, c'est d'ailleurs une certaine idée de l'âme
qu'il cherche à mettre en lumière. Car il n'est
pas interdit de penser que notre forme extérieure révèle,
au moins en partie, notre plus profonde intimité. Si ses
compositions posent une énigme, c'est peut-être ce
sentiment d'une nudité transcendée que l'on éprouve
face à elles.
Dans ses études sans cesse reprises, il y est bien moins
question d'un modèle particulier que d'une sorte de corps
matriciel d'où seraient issus tous les autres; un archétype
en un mot, qu'il prenne l'allure d'une plastique masculine ou
féminine, parfois les deux ensemble.
En cela, on peut dire que son art véhicule une sorte de
sacré, mais un sacré à l'état sauvage,
ne correspondant à aucune postulation religieuse affirmée.
Si dans bon nombre de ses travaux, les rouges, les noirs et les
bruns sont particulièrement exaltés, force est de
constater que sa palette évolue: ses récents moyen-formats
sur papier marouflé font une large place au jaune solaire.
Le mouvement axial y est décliné à peu prés
dans toutes les postures, semble même rechercher des rapports
nouveaux - ou oubliés - à l'espace.
C'est ce qui rapproche Verdeille plus de Vélikovic que
de Bacon, quoiqu'on ait pu écrire sur sa peinture jusqu'à
présent. Avec, à son actif, une vingtaine d'expositions
collectives et singulières (dont à Paris et à
Rome), il s'affirme peu à peu comme l'une des valeurs montantes
de la jeune création marseillaise. J.L. |