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y a, chez Danielle Tonini, quelque chose qui force le respect
de tous ceux qui la connaissent: son ardeur perfectionniste au
travail, cette volonté de progresser sans cesse sur le
chemin ardu qu'elle a défriché et dont le but semble
à jamais se dérober à l'horizon.
Ses grandes acryliques abstraites, où les couleurs sont
l'alphabet de ses émotions, en constituent pourtant ses
plus fidèles jalons. Depuis quelques années, elle
enchaîne exposition sur exposition. Des ventes s'ensuivent,
souvent dictées par le coup de cœur devant l'une de
ses œuvres.
Pas de doute: nous sommes bien en présence d'une véritable
artiste. Dans l'atelier où elle passe la moitié
de ses journées, il règne en permanence une atmosphère
laborieuse. Creuset d'alchimiste ou simplement havre privilégié
dans la durée des jours, l'artiste s'y défait et
s'y recrée à chaque fois. Il faut avoir vu travailler
cette jolie femme blonde à l'un de ses tableaux pour comprendre
la sincérité de son engagement. Au sol ou au chevalet,
la toile exige littéralement que l'on mette la main à
la pâte quand le pinceau ne suffit plus pour peaufiner un
détail ou un coloris qui donneront toute son intensité
à une composition.
Bien loin de n'être qu'une simple projection de ses affects,
ce combat ici et maintenant se résout le plus souvent dans
un ensemble réfléchi de lignes, de couleurs et de
perspectives, rappelant que l'abstraction demande encore plus
de rigueur que la figuration (à laquelle elle sacrifie
parfois dans des travaux récents sur papier).
La suivre sur cette voie implique un œil aussi sûr
que le sien. Et peut-être aussi un certain goût du
vertige. J.L. |